Article blindé de spoiler... Mais ce n'est pas grave.
Une nouvelle série sf vient d’apparaître sur les écrans US.
Defiance.
Dans un futur proche, sur une planète terre terra-transformé (c’est un peu con comme terme d’ailleurs, il faudrait dire alieno-transformé) après une invasion extra-terrestre, les humains cohabitent difficilement avec huits autres races humanoïdes, le tout après des guerres qu'on suppose horribles mais qu'il faut expliquer dans les dialogues pour ne pas laisser place à l'imagination.
Les extra-terrestres sont humanoïdes puisqu’en terme d’effets spéciaux, c’est plus facile et moins chère.
Çà faisait longtemps que je n’avais pas vu une daube intersidérale de ce gabarit, un superbe concentré de clichés et de déjà-vus. Le niveau des dialogues avoisine l’école élémentaire en version sms. Les costumes ont été ramassés dans les invendus des autres séries, les maquillages sont grotesques et en guise de décors, il faudra se contenter de trois tentures pourries, une route de gravier parce que ça fait SF, quelques tapis berbères suspendus, des conteneurs recyclés avec deux bouts de tuyaux qui dépassent, des plantes grimpantes ou tombantes, et des bouteilles bleues fluos.
Le scénario est insipide et repose avant tout sur des personnages particulièrement fouillés :
- Un vétéran de la grande guerre échappé d’un bataillon renommé. Une belle gueule, des muscles, de l’humour pas drôle, un grand cœur, une forte tendance à se mettre dans les emmerdes pour les besoins du scénario. Il est également sujet à des poussées priapiques.
- Une Leeloo-Multipass version qui s’est mangé une baie vitrée dans la gueule : une touffe rouge décoiffée en guise de cheveux, des lentilles moches pour faire extra-terrestre, et le nez écrasé au milieu du front façon avatar. Vocabulaire limité tendance je sors mon canif en faisant une tête de pas gentille dès que je suis contrariée. Orpheline, son papa adoptif est le vétéran plus haut, et même qu’il a tué ses parents pendant la grande guerre... Mais c’est quand même la petite fille chérie à son papa adoptif...
- Une maire, avec un e. Elle est jeune, elle est belle et elle remplace une vielle maire fatiguée. Elle connait par coeur les discours à l’américaine remplie d’insipides dégueulies patrio-moralistes qui galvanisent la connerie humaine. Elle adore sa ville et elle veut surtout résoudre tous les problèmes. Ca tombe bien.
- Le shérif. Il est appelé l’Homme de Loi pour faire plus SF. Il meurt rapido, et comme un con, pour laisser la place au vétéran. Il était là pour mourir et laisser sa place. Ca c'est fait.
- L’adjoint du shérif. Noir. Jeune. Débile. Plein de bonne volonté. Il veut montrer à tous qu’il n’est pas qu’un jeune con. Forcément, il en pince pour Leelo-Multidéfrisé.
- Un vilain riche et sa femme. Le vilain est un croisement loupé entre Lucius Malefoi et Lestat. Il raquette les pauvres gens. Son homme de main est aussi un croisement loupé, celui d’un gorille de la planète des singes et de Chewbacca. Ils sont retors. C’est retors un riche, forcément. Et leur capacité à comploter à haute voix ferait passer oui-oui pour un stratège politique de haut rang.
- Un mineur qui possède des mines dans le coin, pour y extraire un truc qui n’existait pas avant que les aliens débarquent. Il est en guerre d’influence avec les vilains riches. Il ne les aime pas, et c’est réciproque. Irascible. Belliqueux. Ce n’est pas en piochant qu’on devient philosophe.
- Une doctoresse provenant d’une race indogène (sic)... va comprendre. Toute ressemblance avec l’oncle Adams Fester n’est pas fortuite. Efficace. Intelligente. Elle est la scientifique dès qu’il faut un scientifique pour les besoins scénaristiques.
- La tenancière de « bordel » jolie, cochonne et vénale. Il s’agirait d’un bordel d’après les dialogues. Il fallait vraiment le préciser dans les dialogues pour savoir que ce bar pour adolescent au champomy fluorescent, c’est un bordel... Si si...
Les ficelles scénaristiques et les gros clichés :
- Le vétéran trouve au début de l’épisode un truc cher et rare qui va lui permettre de sauver la ville à la fin, mais évidemment, il doit sacrifier le truc cher et rare au lieu de se barrer avec.
- Le traître boite. C’est plus facile à démasquer un traître qui boite.
- La fille du mineur belliqueux et le fils du vilain riche sont amoureux. Nan ! Ben si...
- Pour essayer de gagner de l’argent, il y a les combats dans une arène bidon sous une tente.
- Le combattant bionique a un bouton d’arrêt. Ah ben si !
- Les vilains qui attaquent la ville sont surpuissants, mais con comme des balais. Ils adorent passer dans des canyons pour être pris au piège sous des tirs croisés. Et quand la méga bombe explose, tous les autres fuient, mais pas eux. Ils meurent. C’était prévu comme ça.
- Le vrai traître est insoupçonnable et il agit pour le bien de l’humanité tout entière.
- On utilise de temps en temps des mots inconnus pour faire SF.
- On est sur terre, mais on ne se serre plus la main, à la place on fait un signe à la con, pour faire plus SF.
Vous l’aurez compris...
Je n’ai pas trop adhéré.
:-)